la tour de babel utopie

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Décryptage la tour de Babel

Expression ~ La tour de Babel

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Décryptage de la semaine

Il n’y a pas que l’ utopie dans la vie. Le décryptage s’intéresse aujourd’hui à une expression que l’on pourrait rapprocher de… la dystopie  ! Retour sur l’histoire de la tour de Babel .

Un(e) bien mauvais(e) tour

L’histoire de la tour de Babel (en hébreu : מגדל בבל , Migdal Babel ; en arabe : برج بابل, Burj Babil ) est un épisode biblique rapporté dans la parashat Noa’h, dans le Livre de la Genèse Gn 11,1-9.

Le mythe de la tour pourrait être inspiré par un monument de Babylone : l’Etemenanki. En langue sumérienne : le « temple fondement du ciel et de la terre ». Il s’agit d’une ziggurat [1] haute de sept étages et dédiée au dieu principal de la ville, Bêl-Marduk.

L’épisode se déroule après le Déluge. Les hommes forment alors un peuple uni et unique et ils parlent tous la même langue. Après un long périple, ils atteignent une plaine dans le pays de Shinar et décident de s’y installer. Ils entreprennent la construction d’une ville et d’une tour. Cette dernière sera immense et touchera le ciel, les mettant au même niveau que Dieu. Pour les punir de leur orgueil démesuré, Dieu créa la confusion des langues, les empêchant de communiquer entre eux. Il les dispersa ensuite aux quatre coins du monde. Ainsi cessa la construction de la tour de Babel et l’unité des hommes.

La tour de Babel dans la Genèse

« Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Shinar, et ils y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. L’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l’Éternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. Et l’Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre et leur donna tous un langage différent ; et ils cessèrent de bâtir la ville. C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel , car c’est là que l’Éternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Éternel les dispersa sur la face de toute la terre . »

Extrait du Livre de la Genèse (Gn 11,1-9), trad. 1910

Mythologie et étymologie

BABEL , nom d’abord masculin (1555) puis féminin (1803), tire donc son origine de l’hébreu Babel , employé dans la Genèse. Il vient peut-être de l’assyrien bäbilu « porte de Dieu ». A noter : l’étymologie de la Genèse, selon laquelle le mot hébreu signifie « confusion », est erronée.

Le mot, employé par allusion biblique avec une valeur péjorative, est attesté une première fois en parlant de Rome, considérée comme un lieu rempli d’orgueil et de confusion. Il est repris au XVII e siècle dans la locution tour de Babel , toujours en écho à la Genèse. L’expression vise le symbole d’orgueil humain et de confusion des langues, et signifie au figuré « chose démesurément grande et haute » (1752) et celle de « confusion des discours, des opinions » (1762).

L’emploi autonome du mot un babel , à propos d’un objet de dimensions disproportionnées et d’intentions discutables (1803, Chateaubriand), reste exceptionnel.

Le XIX e siècle a produit des dérivés : les adjectifs BABÉLIEN, IENNE (1849), BABÉLIQUE (1862) et le nom BABÉLISME (1866). Tous rappellent la confusion des langues ou, plus largement, dans l’ordre du langage, de l’art, de l’intelligence [2] .

La tour de Babel aujourd’hui

Le mythe de la tour de Babel est toujours très vivace de nos jours. Il inspire de nombreuses réflexions sur l’origine de la diversité des langues, la puissance de l’effort collectif, l’orgueil humain, la fonction civilisatrice de la ville et la totalisation du savoir. Les arts et la culture populaire  (architecture, cinéma, peinture…) reprennent également son histoire, son apparence et son folklore dans des œuvres riches et variées, devenues des classiques pour certaines ( Metropolis  de Fritz Lang, les tableaux de Pieter Brueghel l’Ancien, etc.) [3] .

Il y a tout de même un point positif à la création de la tour de Babel : la création de nombreux idiomes a abouti à la naissance, entre autres, de la langue française et de ses expressions. Sans cela, le décryptage du O’ n’aurait jamais vu le jour !

Alors, elle est Babel, la vie ? (Pardon, nous étions obligés !)

Hannibal LECTEUR

En bonus : ce que l’archéologie révèle du mythe de la tour de Babel (National Geographic)

Notes et références.

[1] Une ziggurat (ou ziggourat) est un édifice religieux mésopotamien à degrés, constitué de plusieurs terrasses supportant probablement un temple construit à son sommet. Le terme vient de l’akkadien ziqqurratu (m) (féminin, parfois abrégé en ziqratu , en Assyrie), dérivé du verbe zaqāru, « élever », « construire en hauteur ». On peut le traduire par « la très haute ».

[2] Source :  LE ROBERT, Dictionnaire historique de la langue française .

[3] Plus d’informations ici .

Retrouvez notre précédent Décryptage → La corne d’abondance

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La tour de Babel : ce que l’archéologie révèle du mythe

Notre imaginaire s’est nourri du récit de la genèse, qui popularisa cette construction aussi démesurée que l’orgueil des hommes qui l’édifièrent. et si cette tour ne relevait pas que du mythe .

Et si cette tour ne relevait pas que du mythe ? L’opiniâtreté des archéologues en quête ...

Au cœur de la ville de Babylone, entre le début du 6e et le début du 5e siècle av. J.-C., se dressa dans toute sa majesté l’un des monuments les plus célèbres de l’Antiquité : la tour à étages, ou ziggourat, dédiée au dieu principal de la ville, Bêl-Marduk, et acco­lée au temple où résidait sa statue de culte, l’Esagil.

La ziggourat elle-même portait un nom distinct en langue sumérienne : Etemenanki, c’est-à-dire le « temple fondement du ciel et de la terre ». Elle illustrait la force symbolique de sa situation, au milieu de la ville qui était elle-même centre de l’univers, comme un pivot reliant la terre et ses tréfonds au ciel, résidence des dieux du panthéon mésopotamien. La date de l’édification initiale de l’Etemenanki reste matière à conjectures. Il faut attendre en fait une date assez tardive, à la fin du 2e millénaire, pour en trouver une mention écrite.

On situe vers le 12e siècle av. J.-C. la mise en forme d’une liste lexicale en écriture cunéiforme, appelée Tintir (l’un des noms sumériens de Babylone), qui enregistre les éléments marquants de la topo­graphie de la ville et cite, dans sa quatrième tablette, la ziggourat en seconde position, juste après l’Esagil. Et ce n’est que dans une inscription du roi assy­rien Sennachérib (704-681) que l’on voit l’Etemenanki cité dans un contexte historique précis, celui de la destruction que le roi ordonne des monuments de Babylone en 689 av. J.-C., pour la punir de s’être rebellée contre lui.

UN MILLE-FEUILLE ARCHITECTURAL 

Selon les résultats des fouilles archéologiques alle­mandes menées au début du 20e siècle à Baby­lone, l’Etemenanki a compté trois strates successives de construction : une première structure, sur une base carrée de 65 mètres de côté, recouverte par une deuxième, établie sur un carré de 73 mètres de côté, qui fut porté à 91 mètres pour la troisième. Les spécialistes discutent encore sur l’attribution de ces différents niveaux de construction, un consensus se dégageant pour faire de la dernière structure l’œuvre des rois assyriens Assarhaddon (680-669) et Assurbanipal (668-630), achevée par les rois babyloniens Nabopolassar (626-605) et Nabuchodonosor II (604-562). C’est donc le deuxième état qui aurait été détruit en 689 av. J.-C. par Sennachérib, avant de faire l’objet d’une magnifique restauration.

La question de la hauteur et de l’organisation architecturale de la ziggourat fait encore débat, puisque rien n’a été retrouvé à Babylone de l’Etemenanki, si ce n’est sa plate-forme de fondation, établie effectivement sur une base d’à peu près 90 mètres de ­côté. Il existe deux thèses. La première s’appuie sur les données métrologiques fournies par une tablette cunéiforme, appelée « tablette de ­l’Esagil ». Rédi­gée en 229 av. J.-C., elle donne les dimensions de plusieurs bâtiments du sanctuaire de Marduk à Babylone, dont l’Etemenanki : la base de la ziggourat s’inscrit dans un carré de 90 mètres de côté et compte 6 étages, couronnés par un temple haut appelé ­šahuru.

Le premier étage est haut de 33 mètres, le ­deuxième, de 18 mètres, et chaque étage suivant s’élève à 6 mètres. Le šahuru mesure quant à lui 15 mètres de haut. La hauteur de l’ensemble s’établit donc à 90 mètres, et la tour à étages se présente comme une pyramide parfaite, s’inscrivant dans un cube aux arêtes de 90 mètres.

Au cœur de la ville de Babylone, entre le début du 6e et le début du ...

L’iconographie d’une stèle de pierre provenant vraisemblablement de Babylone conforte ces données : elle repré­sente une ziggourat de 6 étages avec un temple au sommet. La seconde thèse reprend certains éléments de la tablette de l’Esagil, mais elle prend en compte les contraintes matérielles ­qu’entraîne une construction faite, pour l’essentiel, de briques d’argile séchées au soleil, dont les différents lits sont renforcés par des nattes de roseaux et par du bitume. Seul le pare­ment extérieur de l’Etemenanki semble avoir été fait de briques cuites, certaines vernissées en bleu. Il existe, de ce fait, de réelles difficultés pour édifier, avec ce type de structure architecturale, un bâtiment aussi élevé par rapport à une base de 90 mètres de côté.

La tablette de ­l’Esagil mentionnerait donc des éléments réels et d’autres relevant d’une numération ésotérique ; la véri­table hauteur de la tour aurait été, pour des raisons de stabilité, dans une proportion de deux tiers par rapport au côté du carré de base, c’est-à-dire environ 60 mètres.

La fonction de l’Etemenanki, comme celle de toutes les ziggourats de Mésopotamie, était de fournir, par son sanctuaire sommital, un complément au temple du bas, l’Esagil, où résidait le dieu Marduk. Les indications de la tablette de l’Esagil sont, de ce point de vue, très précises : le temple du sommet comprenait une entrée et une cage d’escalier menant probablement à une terrasse, une cour centrale de 65 mètres carrés et 7 pièces qui servaient de chapelle aux divinités : celle du dieu Marduk, probablement partagée avec Zarpanitu (ou Beltiya), son épouse divine, était la plus grande, avec 48 mètres carrés.

Le dieu disposait aussi d’une chambre à coucher de 37,5 mètres carrés, pourvue d’un lit majestueux de 4,5 mètres de long sur 2 mètres de large. Son père, le dieu Ea, occupait une chapelle à laquelle était associée une autre pièce pour son vizir, le dieu Nusku. Les anciens chefs du panthéon suméro-akkadien, les dieux Anu et Enlil, auxquels Marduk avait succédé comme roi des dieux, avaient droit à une chapelle commune, tandis que le fils de Marduk, le dieu Nabu, et son épouse, la déesse Tašmetu, occupaient chacun une chapelle de 18 mètres carrés. C’est donc l’élite du panthéon mésopotamien, depuis le 3e millénaire sumérien jusqu’à l’état du 1er millénaire, qui était logée au sommet de la ziggourat et qui y recevait un culte lié aux aspects célestes de ces divinités.

Les rituels qui s’y déroulaient n’ont pas été conservés, mais devaient certainement inclure des invocations aux étoiles, dans lesquelles s’incarnaient ces dieux. Ainsi, la fonction de la ziggourat et de son temple était avant tout religieuse, et ces deux édifices constituaient un espace sacré accessible seulement aux erib biti, les prêtres consacrés du temple. Les activités astronomiques et astrologiques, auxquelles se livraient les lettrés et les savants de Babylone, ne se déroulaient donc pas au sommet de l’Etemenanki, même si le sanctuaire de Marduk patronnait leurs activités et en conservait les écrits dans sa bibliothèque.

VICTIME D'UNE LENTE DÉCHÉANCE 

Quelle que soit sa hauteur, la ziggourat de ­Babylone était sans doute le monument le plus spectaculaire de la ville, visible à des dizaines de kilomètres de distance dans la vaste plaine de Mésopotamie centrale. Elle témoignait de la présence de Marduk dans sa cité et de la protection qu’il étendait sur elle. Elle indiquait aussi l’endroit symbolique où se trouvait le centre de l’univers, selon la vision mésopotamienne du monde. Il n’est donc pas étonnant que les gens du pays de Juda, qui furent déportés en Babylonie à partir, surtout, de 587 av. J.-C., aient été impressionnés par cet édifice d’un style totalement inconnu à Jérusalem.

La Bible, qui connut à ce moment sa première véritable mise en forme, intégra donc la « tour de Babel » dans le récit de la Genèse, à la suite de l’épisode du Déluge. Elle en fit une marque de l’impossibilité pour l’humanité d’atteindre les cieux, malgré ses efforts pour bâtir un monument d’une élévation inédite. Et la situation contemporaine de Babylone, capitale cosmopolite d’un empire qui couvrait alors tout le Proche-Orient, illustrait bien la diversité des langues qui fut la conséquence de l’échec de l’entreprise.

Au-delà de ce mythe de la tour de Babel, la ziggourat de Babylone connut des vicissitudes que n’avait pas prévues Nabuchodonosor II lorsqu’il en paracheva le dernier état. La conquête de l’empire de Babylone par les Perses en 539 av. J.-C. entraîna l’abandon progressif des bâti­ments religieux. La fragilité des constructions en briques crues fit que la tour se dégrada très vite. Les révoltes de Babylone contre le roi perse Xerxès en 484 av. J.-C. accélérèrent le désintérêt pour les monuments de la métropole méso­potamienne.

Lorsqu’Alexandre le Grand pénétra dans Babylone en octobre 331, l’Esagil et l’Etemenanki étaient en triste état, et le Conquérant décida de les restaurer. Mais son absence puis sa mort en 323 av. J.-C firent que les travaux n’avancèrent que très lentement. En fait, après l’enlèvement des déblais qui s’accumulaient sur la ziggourat, la restauration prévue ne fut jamais achevée. Le monument fut peu à peu désacralisé pour deve­nir, au fil des siècles, une carrière de briques ; celles-ci servirent à bâtir les maisons des villages qui s’implantèrent à l’emplacement de Babylone, quand la ville disparut dans les premiers siècles de l’ère chrétienne ; d’autres furent utilisées pour enrichir la terre des champs avoisinants.

Au bout du processus, il ne demeura plus que l’empreinte de l’Etemenanki, un carré marécageux de 90 mètres de côté, pourtant encore bien visi­ble sur les photos satellite. 

Cet article a initialement paru dans le magazine Histoire et Civilisations.  S'abonner au magazine

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La tour de Babel : signification symbolique

La tour de Babel : quelle interprétation ? Quelle est la signification de la tour de Babel dans la Bible ? Quelle dimension symbolique ?

Après la colère du Déluge et l’épisode de l’arche de Noé, Dieu conclut une alliance avec les hommes ; il les invite à se répandre et à se multiplier sur la Terre. Le peuplement se fait, différentes nations sont fondées et divers langages apparaissent. C’est alors qu’intervient l’édification de la tour de Babel :

1) Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. 2) Comme ils étaient partis de l’orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear, et ils y habitèrent. 3) Ils se dirent l’un à l’autre : Allons ! faisons des briques, et cuisons-les au feu. Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. 4) Ils dirent encore : Allons ! bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel , et faisons-nous un nom , afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. 5) L’Eternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. 6) Et l’Eternel dit : Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c’est là ce qu’ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu’ils auraient projeté. 7) Allons ! descendons, et là confondons leur langage, afin qu’ils n’entendent plus la langue, les uns des autres. 8) Et l’Eternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville. 9) C’est pourquoi on l’appela du nom de Babel, car c’est là que l’Eternel confondit le langage de toute la terre, et c’est de là que l’Eternel les dispersa sur la face de toute la terre. Livre de la Genèse, chapitre 9

Les hommes décident donc d’édifier une ville et une tour pour éviter leur dispersion sur le globe, et pour « se faire un nom ». La tour est donc sensée être le nouveau centre de l’humanité, permettant aux humains de former un seul peuple, parlant une seule langue, portant un seul nom, ce nom pouvant concurrencer le nom ineffable de Dieu.

Cette initiative ne plaît pas à Dieu, qui décide de confondre les langages et de disperser les hommes loin de la Tour. A noter que le mot Babel dérive de la racine hébraïque blbl , qui signifie « confondre » ou « bredouiller ».

Pourquoi Dieu rejette-t-il cette construction humaine ? Comment interpréter la tour de Babel dans la Bible ? Quel parallèle peut-on établir avec notre civilisation actuelle ?

Entrons dans la signification et le symbolisme de la tour de Babel.

Lire aussi notre article sur le symbolisme de la tour .

Soucieux d’éviter leur dispersion, les hommes décident de créer une ville-capitale autour d’une tour, laquelle apparaît comme le nouveau centre de l’humanité, voire le centre du monde et de l’univers. En effet, le sommet de cette tour est destiné à « toucher le ciel ».

C’est donc à une conquête du Ciel que se livrent les hommes : en s’appropriant le domaine du céleste, ils créent leur propre Loi, ils prennent la place de Dieu.

Ainsi, au lieu de s’unir autour de la loi divine, les hommes se rassemblent autour d’une construction matérielle, autour d’un axe du monde artificiel, conçu selon leurs propres règles.

Cette tentative montre l’incapacité de l’homme à reconnaître la prééminence de Dieu : la tour de Babel symbolise l’ ignorance autant que l’orgueil. Elle est l’expression même du péché :

  • les hommes renient l’alliance qu’ils avaient passée avec l’Eternel,
  • ils vénèrent un symbole artificiel,
  • ils se rendent coupables d’ hybris , mot qui traduit la démesure humaine, mais aussi la tentative de l’Homme d’usurper les qualités divines. Ce désir irrationnel de puissance, doublé d’arrogance, annonce une chute prochaine.

La tour de Babel a quelque chose de monstrueux : ses dimensions gigantesques écrasent l’humanité au lieu de la libérer. Incapable de comprendre que seul le respect de la loi divine peut mener à la liberté, au bonheur et à l’épanouissement, l’Homme crée une société de violence et de souffrance : il se soumet à lui-même.

Précisément, la construction de la tour est une souffrance, puisque fondée sur le travail comme décrit dans Genèse 9, 3. L’Homme s’enchaine à lui-même, à ses passions et à son ambition déréglée. Ceci sous-entend la présence de tyrans qui imposent leurs symboles et leur loi sur le peuple.

La nature du châtiment de Dieu

Dieu réagit en dispersant les hommes et en faisant en sorte qu’ils parlent des langues différentes, sans possibilité de se comprendre. Rappelons qu’avant la construction de la tour de Babel, les hommes parlaient différentes langues, mais étaient en mesure de se comprendre.

Dieu sème donc la confusion et la discorde . La confusion constitue la nature même du châtiment : elle renvoie à l’erreur des hommes, qui confondent les plans terrestre et céleste.

Par ailleurs, la confusion est la marque d’une société décentrée, où chacun pense avoir raison, ou chacun se prend pour un Absolu.

En dispersant les hommes, Dieu les empêche de s’allier pour le concurrencer. On peut aussi penser qu’il les protège contre eux-mêmes, contre l’avènement d’un totalitarisme et d’un despotisme mondial. Mais en ne leur donnant plus la capacité de communiquer, de se comprendre, il rend aussi possible la guerre.

Au final, les hommes obtiennent ce qu’ils voulaient éviter : leur séparation, leur fragmentation.

La localisation de la tour : de Babel à Babylone

Selon le Livre de la Genèse, la tour de Babel est édifiée dans une plaine au pays de Schinear (ou Shinar), ce qui correspond au sud de la Mésopotamie, autrement dit la Babylonie.

La tour a souvent été comparée aux ziggurat mésopotamiennes, ces édifices religieux à degrés dotés d’un temple à leur sommet, symbolisant le lien entre la Terre et le Ciel. La ziggurat de Babylone comportait 7 étages.

Dans la Bible, Babylone représente la perversion de l’Homme qui se crée un faux Dieu païen à son image. Babylone est une cité où règnent en maître les passions et les instincts de domination et de luxure.

Cité splendide, luxuriante, Babylone ne pouvait que s’effondrer et disparaître, car bâtie uniquement sur des valeurs matérialistes. Babylone est donc l’antithèse de la Jérusalem céleste et du Paradis.

Notons que les mots Babel et Babylone ont la même racine étymologique.

Parallèle avec la civilisation occidentale

La tour de Babel évoque un centre matériel autant qu’un modèle unique, standardisé, auquel les habitants du monde doivent se soumettre. Ceci n’est pas sans rappeler les caractéristiques de notre civilisation occidentale , fondée sur un système économique individualiste, le matérialisme, le travail et l’exploitation.

Marquée par la démesure, la civilisation occidentale connaît un développement hors-sol , axé sur les villes et leurs centres d’affaires triomphants. Jamais rassasié, l’Homme occidental déploie son ambition de conquête dans tous les domaines, y compris le ciel et l’espace. La spiritualité passe au second plan, Dieu est oublié : l’Homme se considère comme le seul maître de la Nature et des éléments.

L’unité du monde occidental, dont le modèle s’étend désormais sur toute la planète (en particulier à travers l’usage d’une langue unique : l’anglais), s’est faite par la conquête, la colonisation et la domination.

Les dérives de notre civilisation annoncent sa chute prochaine : le changement climatique en cours peut être vu comme un nouveau déluge.

La tour de Babel : fin de la spiritualité ?

Les systèmes sociaux hégémoniques ou impérialistes ont tendance à vouloir effacer les langues régionales et imposer une langue unique. Or la capacité à comprendre une langue à partir d’une autre, par le jeu des équivalences, renvoie à l’approche symbolique et analogique qui constituent le fondement même de la spiritualité. C’est ce que René Guénon appelle le « don des langues ».

On pourrait donc dire que la tour de Babel annonce la fin de toute spiritualité.

Les représentations de la tour de Babel

La tour de Babel a largement été représentée au fil des siècles jusqu’à nos jours.

Parmi les représentations les plus célèbres, citons :

  • les peintures de Pieter Brueghel ( La Grande tour de Babel, la Petite tour de Babel, XVIème siècle). L’artiste insiste sur le caractère instable et déséquilibré de la tour, qui a tendance à s’effondrer. La construction semble irrationnelle, absurde,
  • les peintures d’autres artistes flamands de la Renaissance : Lucas van Valckenborch (en tête de cet article), Hendrik III van Cleve, Hans Bol, Lodewijk Toeput, Jacob Grimmer, Tobias Verhaecht,
  • la représentation énigmatique de Monsù Desiderio (XVIIème siècle),
  • la gravure Turris Babel d’Athanase Kircher (XVIIème siècle),
  • la Confusion des langues de Gustave Doré (XIXème siècle),
  • les œuvres de Maurits Cornelis Escher (XXème siècle),
  • ou encore l’interprétation d’Endre Rozsda (XXème siècle).

La tour de Babel est souvent représentée sous la forme d’une spirale à étages, traduisant un désir d’élévation mais aussi une tendance au déséquilibre.

La tour de Babel et son symbolisme : conclusion

En construisant la tour de Babel, l’Homme pense pouvoir s’affranchir de Dieu. De même, il croit pouvoir échapper au châtiment divin en construisant une tour assez haute pour ne pas être menacée par les eaux d’un nouveau déluge.

Pourtant, du fait de ses dimensions monstrueuses, la tour de Babel contient en elle-même le déséquilibre , donc la chute et l’effondrement.

Symbole des pires illusions, la tour de Babel annonce une société de contrôle, sans âme, sans amour et sans avenir, où l’Homme se trouve écrasé par un monstre de technicité qu’il a lui-même créé. En tant que faux centre, la tour cache une confusion spirituelle qui se traduira bientôt par la violence, la souffrance et la discorde permanente.

L’union ne pourra être restaurée que par le Christ : c’est le miracle des langues à la Pentecôte ( Actes 2, 5-12 : le Saint-Esprit descend sur les apôtres, lesquels se mettent à parler toutes les langues) ou encore l’assemblée des nations au Ciel ( Apocalypse 7, 9-10 ).

Lire aussi notre article : La parole perdue : comment la retrouver ?

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Modif. le 29 février 2024

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Publié dans Christianisme , Judaïsme , Lieux et édifices et Spiritualité

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Sociétés réelles, sociétés rêvées une histoire de l'utopie

La tour de babel selon hérodote.

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Description

Au cours de ses nombreux et lointains voyages, Hérodote, au V e siècle av. J.-C., se serait rendu à Babylone, considérée à l’époque comme la plus belle et la plus opulente ville du monde. Il n’est pas certain que l'historien grec ait réellement vu la cité malgré la description qu’il en fait dans le livre I des Histoires. Néanmoins, qu’elle soit un témoignage direct ou indirect établi d’après des récits de voyageurs ou de Babyloniens, sa description de la tour a été fondamentale dans la formation du mythe de Babel. Elle fait découvrir au monde occidental la Tour. Son témoignage est d'autant plus précieux qu'un siècle après, en - 331, à la prise de Babylone par Alexandre le Grand, la tour tombe déjà en ruine et est définitivement détruite par les Perses, deux siècles plus tard, dans un incendie. Hérodote décrit Babel comme une superposition de huit tours dont la base est longue et large d’un stade (soit environ 180 m, en réalité la dimension exacte révélée par les fouilles archéologiques est de 91 m). L'ascension jusqu’au sanctuaire situé à son sommet se fait par une rampe extérieure, en spirale. A défaut d'indication sur la forme de la tour dans le texte d'Hérodote, l'auteur de cette gravure sur bois a choisi de lui donner une forme cylindrique très effilée, loin de la réalité archéologique de la ziggourat babylonienne mais plus en accord avec l’image biblique de la « tour dont le sommet pénètre les cieux ». A partir du XVI e siècle, inspirés par les sources antiques, notamment le Colisée de Rome, les artistes représentent la tour avec une base circulaire. La rampe en spirale évoquée par Hérodote ou encore la grande mosquée de Samarra ont pu également conduire à ce choix.

Historiarum lib. / Hérodote.- Genève : Henri Estienne, 1592

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVIg 1545

Lien vers la page d'exposition présentant ce document

Histoire

La Tour de Babel (Valckenborch)

La Tour de Babel

  

La tour de Babel, l'oeuvre majeure de Lucas van Valckenborch

Lucas van Valckenborch (né en 1535 à Louvain - inhumé le 2 février 1597 à Francfort-sur-le-Main) était un peintre flamand paysager dans la lignée de Pieter Bruegel l'Ancien. Il s'intéresse principalement à des scènes de saison, dans lesquelles il représente le travail des paysans mais aussi des scènes de marché. Ses tableaux donnent souvent une impression de grande précision et ressortent de l'imaginaire. 

En hébreu, Babel signifie littéralement « confusion ». C'est là la clé de cette parabole, au caractère à la fois religieux et moral qui met en avant les dangers de se prétendre l'égal de Dieu, et qui nous interroge sur la nécessité qu'a l'humanité de se parler, de faire l'effort de se comprendre pour réaliser de grands projets. L’épisode biblique du rêve humain de forcer la porte du ciel et de cette humiliante punition divine — la création des langues — a inspiré nombre d’artistes au fil des siècles. Plusieurs mosaïques médiévales, enluminures de manuscrits, peintures et fresques en témoignent, dont la Tour de Babel, oeuvre majeure du peintre Flamand Lucas van Valckenborch.

La Tour de Babel

Au premier plan, on peut voir Nimrod , le roi initiateur de la construction de la tour. Fils d'Astartée et petit-fils de Noé , il se rebella contre Dieu et parvint à faire croire à son peuple que la ville qu'ils bâtiront n'aura pour but que de les protéger contre leurs ennemis. Une tour assez haute pour que son sommet atteigne le ciel (au moins aussi haute que le mont Ararat, où se serait échouée l' Arche de Noé ), de sorte que les flots ne puissent en submerger le sommet en cas de nouveau Déluge. 

Cette oeuvre est exposée au musée du Louvre . 

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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine

Babel nous joue des tours

Nous n’en avons pas fini avec la malédiction de Babel, même à l’heure où l’anglais tend à s’imposer comme langue universelle. C’est ce que montre une exposition du palais des Beaux-Arts de Lille, où nous accompagne le philosophe Pierre Bouretz.

Le livre de la Genèse, dans la Bible, relate qu’après le Déluge, les hommes avaient entrepris d’ériger une tour qui atteindrait le ciel. Cette transgression fut punie par Dieu qui établit la confusion des langues. La construction de la tour fut interrompue, les hommes se dispersèrent à travers le monde.

Ce mythe retrouve une étonnante actualité à l’heure où l’anglais international, le « globish » , est en passe de devenir, avec plus d’efficacité que la langue universelle rêvée par Leibniz au XVII e  siècle ou encore l’espéranto forgé par Zamenhof au XIX e  siècle, le vecteur des échanges mondiaux. Sommes-nous sur le point de conjurer la malédiction de Babel ?

En revisitant ce vieux mythe, on peut en tout cas cerner de plus près divers aspects de la mondialisation : la naissance d’une culture universelle, le risque d’uniformisation du monde, la disparition de la communauté au profit de l’individualisme. Tel est le passionnant pari de l’exposition organisée par le palais des Beaux-Arts de Lille . Pierre Bouretz, spécialiste de philosophie allemande et fin observateur du monde contemporain, a consacré plusieurs ouvrages à la tour de Babel. Il montre que la confusion des langues peut être une chance pour l’humanité.

Wolfe Von Lenkiewicz, Babel

Contamination ou greffe .

« En déconstruisant un tableau célèbre de Bruegel, Von Lenkiewicz propose un détournement ironique de la représentation la plus classique de la tour de Babel. Cette œuvre respecte les structures formelles de l’iconographie de la Renaissance, en particulier celles qui régissent l’organisation de l’espace. Non seulement elle reprend les jeux de plans du peintre flamand, mais on y retrouve une ville et un paysage contenant des collines, une rivière, jusqu’à un bateau qui n’a rien de contemporain. Toutefois, l’artiste y introduit des éléments anachroniques issus de l’univers de Walt Disney. Ainsi, comme dans un tableau de la fin du Moyen Âge, un personnage fait irruption dans le décor, mais au lieu d’être une Vierge à l’enfant, il s’agit de Blanche-Neige. En outre, la tour de Bruegel se prolonge ou se transforme, en haut du tableau, en un château de la Belle au bois dormant.

Il s’agit moins de représenter la réalité que de donner à voir une expression métaphorique du monde qui livre un sens ambivalent. Si l’on considère que les motifs propres au dessin animé sont simplement plaqués sur le tableau de Bruegel, on peut dès lors suggérer que la composition de Von Lenkiewicz illustre un phénomène souvent déploré de contamination de la “vraie” culture (Bruegel) par ce qui est dénommé “sous-culture” (Walt Disney). Dans cette hypothèse, l’artiste semble désigner la destruction d’une culture classique sous l’effet d’une trivialisation du monde. Mais on peut, en sens inverse, y voir la traduction de l’idée d’une cohabitation réussie des différentes cultures issues d’univers presque antagonistes. Cette œuvre en forme de clin d’œil apporterait, en ce sens, la preuve que la “sous-culture” hollywoodienne se greffe très bien sur les représentations les plus classiques. Le croisement des références conduirait à des processus d’hybridation et il n’y aurait pas de quoi en faire un drame !

Pollution de la culture classique versus diversité de la culture contemporaine, voilà les deux interprétations possibles de ce tableau qui ne permettent pas de trancher entre la Babel tragique de la tradition et une Babel plus heureuse, la malédiction ou une bénédiction de la confusion des langues et des cultures. L’ironie est poussée jusqu’au bout : on ne sait s’il s’agit d’une déploration du mélange ou d’un éloge du métissage. »

Yang Yongliang, Infinite Landscape

Ordre et désordre.

« Ici, l’homme ne se bat pas avec Dieu, il ne veut pas monter jusqu’au ciel pour l’égaler, mais cherche à réduire la nature, arraisonnée par la technique, comme le dirait Heidegger. Des autoroutes, des rails, des immeubles accrochés à flanc de colline, une usine dominent les nuages. L’orgueil humain tient à la volonté de conquérir et de dominer la nature, ce que des auteurs comme Hannah Arendt tiennent pour l’essence même de la modernité.

Mais l’infini que l’espèce humaine cherche à atteindre est moins vertical qu’horizontal. L’homme ne grimpe pas vers le ciel, mais il avance. Il ne construit pas une tour, mais il marche. Si la vidéo de Yang Yongliang prolonge Babel, elle offre une vision non monothéiste de ce mythe qui repose sur l’existence d’un ordre divin que les hommes contestent en érigeant une tour. La réponse divine, qui est presque celle d’un Dieu nihiliste, est alors de créer du désordre. Un désordre que l’on retrouve dans cette civilisation urbaine qui détruit, à coup de pelleteuses, le cadre naturel. On retrouve la dialectique de l’ordre et du désordre dans cette œuvre dont l’harmonie est absente, qui met en scène une folie, une fuite en avant. De sombres et gigantesques montagnes d’immeubles surplombent à l’infini des mégalopoles en proie à la démesure et à la déraison. L’artiste étant chinois, il faut toutefois se demander si sa critique porte sur la civilisation urbaine en général ou bien sur la manière dont la civilisation matérielle se développe dans le contexte spécifique de la Chine. »

Anselm Kiefer, The Fertile Crescent

Destruction ou décomposition.

« Ces deux tableaux d’Anselm Kiefer font référence au Croissant fertile qui regroupe l’Égypte, la Judée, la Phénicie, la Mésopotamie. Ils nous emmènent à Babylone, sur les lieux de l’exil des Juifs. La couleur, les pierres mal assemblées, la technique témoignent d’une volonté de matérialiser le mythe, de le montrer dans sa dimension organique. Les hommes sont absents, on imagine qu’ils sont partis, laissant une construction inachevée, ou bien qu’ils ont été chassés, suivant deux versions du mythe que l’artiste propose La première toile donne l’impression d’une destruction par la violence. C’est la vision classique d’une Babel tragique, condamnée par la colère de Dieu.

La seconde toile fait plutôt penser à une décomposition, comme si les hommes avaient abandonné la tour. Cette image pourrait se lire à partir de Kafka. Pour l’écrivain, ce sont les hommes qui ont renoncé au projet de bâtir la tour. “Si la construction a échoué, si elle ne pouvait qu’échouer, cela tenait à la faiblesse des fondations”, écrit Kafka. Mais cet échec tient aussi à l’organisation sociale et au temps : “Au début, quand on commença à bâtir la tour de Babel, tout se passa assez bien ; il y avait même trop d’ordre ; on parlait poteaux indicateurs, interprètes, logements ouvriers et voies de communication ; il semblait qu’on eût des siècles devant soi pour travailler à son idée”, raconte-t-il. À la troisième génération de bâtisseurs, “on reconnut l’inanité de bâtir une tour qui touchât le ciel”. Le philosophe Stéphane Mosès interprète cette vision de Babel comme un “dérèglement du rapport au temps”. On pourrait donc lire dans ce tableau de Kiefer une allégorie de la conception moderne de l’Histoire qui fuit sans fin, d’une temporalité ouverte, indéfiniment disponible. Le rêve commun ne s’accomplit jamais. »

Jakob Gautel, La Tour (Tour de Babel)

Le contre-mythe de babel.

« L’installation de Jakob Gautel illustre à merveille ce que dit le philosophe George Steiner de Babel : “Loin d’être une malédiction, la corne d’abondance des différentes langues déversées sur l’espèce humaine constituerait une bénédiction sans fin.” Des milliers d’ouvrages, offrant une multiplicité de langues, construisent une tour qui monte lentement, non grâce à une main qui l’aurait fabriquée, mais plutôt comme si elle se construisait elle-même. Elle monte vers un infini qui n’est pas atteint, composée de livres écrits dans des langues différentes, pour enfants, pour adultes, sérieux ou moins sérieux, sans même les savantes et mystérieuses organisations imaginées par Jorge Luis Borges dans sa nouvelle La Bibliothèque de Babel (à lire dans Fictions ). Cette œuvre s’appuie sur la représentation la moins commune de Babel, selon laquelle la pluralité des langues, la polysémie, la diversité des cultures, sont un bienfait. L’unité cassée ou impossible à produire n’est pas une catastrophe ; la grande grâce de l’expérience humaine tient à cette multiplicité. C’est en quelque sorte le contre-mythe de Babel : ce qui serait une malédiction, ce serait le retour à une langue originelle ou l’invention d’une langue unique à partir des diverses autres, ravalées au rang de curiosités historiographiques. Réduire la diversité à l’uniformité, voilà où est le péril.

Cette tour, loin d’exprimer une volonté de pouvoir, nourrit un imaginaire positif. La multiplicité des langues, des livres, des cultures s’ordonne autour de l’édifice, elle construit une harmonie de l’espèce humaine au sens musical du terme, à partir d’une multitude d’éléments qui ne se détruisent pas les uns les autres. Cette consonance, tendant vers un horizon qui n’est pas atteint et n’a pas besoin de l’être, représente un dépassement de la violence, du pouvoir, de la domination. On pourrait y voir l’image la plus naïve, mais je la trouve au contraire très forte : il existe un lien entre pluralité, diversité et un cosmopolitisme qui peut s’expérimenter, qui n’est pas seulement une idée. Pour quiconque a accès au savoir, ne vouloir parler que sa langue ou au contraire se rendre capable d’en maîtriser plusieurs, s’enfermer dans sa culture ou élargir ses horizons, s’accrocher à ses racines ou découvrir le monde est un choix. »

Andreas Gursky, Mayday V

L’éclatement de la communauté.

« Le monde selon Gursky est devenu une grande boîte qui emboîte une multitude de boîtes, au sein desquelles les individus prennent place comme des objets. Cette tour grillagée qui rappelle un univers de bureau est une image de la civilisation et de l’aliénation contemporaines, où les hommes sont enfermés sans pouvoir communiquer, dans une transparence supprimant toute intimité. Il ne s’agit plus de conquérir le ciel, mais d’habiter un monde figé, dans l’isolement et l’indifférence aux autres, un monde sans communauté, composé d’individus solitaires qui marchent, courent, papotent, seuls ou en petits groupes. La structure géométrique exclut la nature, tout est identique, il n’existe rien d’extérieur à l’image et l’on a l’impression que ça doit continuer sans cesse.

Mais c’est aussi un monde sans violence explicite, contrairement à tant d’images de l’exposition. Mayday V est une allégorie d’une société aliénée sans brutalité, sans pouvoir visible, sans guerre, sans armes. Le pouvoir, s’il existe, est nulle part, sinon dans le fait de la transparence qui entrave la liberté d’action. Dans cette sorte d’après-Babel, tout le monde peut voir et être vu, mais on n’imagine même pas l’œil du pouvoir qui surveille dans le panoptique cher à Foucault. Cette aliénation douce, ce conformisme, cet ennui, seraient l’expression d’une forme postmoderne de la barbarie. »

Expresso : les parcours interactifs

la tour de babel utopie

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Gôuter la terre, première partie. terre vive : de la terre au ciel.

De la terre au ciel. La figure de la tour de Babel

De la terre au ciel. La figure de la tour de Babel

Au même titre que la grotte et la cabane vitruviennes, la tour de Babel fait partie des figures qui nourrissent l’imaginaire de l’architecte. On insiste ici sur la complexité du symbole et de la forme, laquelle se nourrit de la confluence des contraires. On s’est proposé ici de présenter un premier rassemblement iconographique pourtant sur des architectures datant du xvii e  siècle à nos jours. On se conforte dans l’idée que, jusqu’à nos jours compris, la tour de Babel tient à la fois du projet de l’union de l’homme à Dieu que de la révolte émancipatrice et démiurgique.

Texte intégral

  • 1 Philippe Trétiack, « Les artistes et le sexe », dans Beaux-Arts Magazine , t. 338, août 2012, p. 72- (...)

1 La tour de Babel fascine depuis longtemps les artistes. Cette spirale mystique, pour reprendre le titre du livre de Jill Purce ( The Mystic Spiral , Londres, 1974), intéresse par voie de conséquence les historiens de l’art. Une sorte de hasard a fait que, la même année 2012, deux expositions sont présentées au public. L’une à Lille, sous le titre Babel , propose des œuvres des plasticiens les plus récents, tels The Fertile Crescent d’Anselm Kiefer, Heavenly City d’Yang Yongliang , No Woman No Cry de Jake et Dinos Chapman et La Tour de Bruxelles d’Éric de Ville, et met l’accent sur les aspects sombres de la folie des grandeurs. L’autre, à Barcelone et à Bruxelles, commence à Bruegel et compare diverses formes topiques telles que les cathédrales, les minarets, les tours, la tour Eiffel en particulier, et les gratte-ciels depuis leur invention jusqu’à nos jours : Torres y rascacielos : de Babel a Dubái (La Caixa). On peut ajouter à ces deux manifestations la publication d’un article sur les architectures en hauteur vues sous l’angle de la symbolique sexuelle et intitulées « architectures érogènes » 1 .

2 La présente étude entend pour sa part insister sur la complexité du symbole et de la forme, laquelle se nourrit, selon les usages rhétoriques de la mystique, de la confluence des contraires. Ainsi, comme moment de rencontre entre la terre et le ciel, Babel exprime la révolte de l’homme contre Dieu, telle qu’elle est expliquée dans la Bible, telle qu’elle s’éclaire aussi par la réflexion de René Girard sur le désir mimétique comme origine de la violence : l’homme, à la suite de Lucifer, se pose comme l’égal de son créateur et s’expose, par son acte démiurgique, au châtiment de la division des langues, laquelle rend impossible la poursuite de ce chantier sans fin. Mais, à l’inverse, Babel exprime aussi la rencontre avec Dieu de l’humanité réconciliée par le sacrifice eucharistique : dressée au-dessus de la croisée du transept des cathédrales médiévales, elle se comprend comme la figure néo-testamentaire de l’événement biblique, celle de la Pentecôte, qui résout pour la diffusion de la parole évangélique les difficultés de la multiplicité linguistique.

3 Entendue comme forme, rencontre entre le ciel et la terre, Babel renvoie aux puissances de la nature, telles que la montagne – on pense à la montagne de Kaf de Gérard de Nerval dans Voyage en Orient  – et l’arbre : dans la rénovation récemment conduite du chœur de Notre-Dame de Paris à la croisée du transept, le cardinal Lustiger et son architecte Jean-Marie Duthilleul ont voulu donner sens à cette image, naguère étudiée par Mircea Eliade, en en faisant le lien par où la parole divine s’exprime. Le lutrin, lieu de la parole, est disposé au pied de l’arbre-pile nord-est du transept, devant la cathèdre épiscopale d’où l’évêque dispense son enseignement. En langage d’architecte, la montagne et l’arbre vont être traduits dans des formes telles que la colonne, la flèche et la spirale, toutes formes transcrivant une puissance ascensionnelle mais, à l’instar de l’échelle de Jacob parcourue par les anges, signalant la descente du céleste vers le terrestre.

4 On se propose ici de présenter un premier rassemblement iconographique portant sur des architectures datant du xvii e  siècle à nos jours et de tenter quelques interprétations sous l’angle des principes exprimés ci-dessus.

I. — Quelques formes fondamentales

5 Le xvii e  siècle reste fidèle à la flèche gothique en dépit des nouveautés architecturales du temps. On en donnera pour seul exemple celle de la Sainte-Chapelle, à Paris, dont l’érection a commencé peu après 1630, date de l’incendie (fig. 2 du cahier iconographique). De cette construction dont le chantier a duré un bon demi-siècle, le maître d’œuvre n’est pas connu. Par fidélité à l’esprit de saint Louis, le roi fondateur, il a conservé l’emplacement d’origine, la jonction de la nef et du chœur ainsi que l’esprit médiéval de l’ensemble tout en accentuant la virtuosité du résultat par le moyen d’un audacieux encorbellement en dessous du premier étage.

6 À la même époque, Francisco Borromini, à Rome, reprend lui aussi le type de la flèche à Sant’Ivo alla Sapienza (1642-1660) (fig. 3), mais en le transformant substantiellement : elle devient un gigantesque baldaquin destiné à signaler l’entrée du sanctuaire et emprunte ostensiblement à la tour de Babel la plastique de la spirale ascendante. Par le truchement de cette ligne sinueuse et dynamique, l’œuvre de Borromini s’interprète comme une scala Dei , intermédiaire bénéfique entre la terre et le ciel, à l’inverse du tourbillon dépressif et maléfique du repliement sur soi. Elle marque aussi que la flèche en spirale, plus encore que la stable coupole, donne l’interprétation plastique du passage du carré au cercle, du cube à la sphère, du terrestre au céleste, du matériel au spirituel. Enfin, elle souligne combien la tour de Babel ne peut être comprise comme le résultat d’un empilement, mais comme une double forme, l’une en relief, vue depuis l’extérieur, l’autre en creux : elle interpénètre en quelque sorte le ciel pour circonscrire un espace intérieur, ni fini ni infini, celui privilégié de la rencontre de l’homme avec Dieu.

7 Outre la flèche et la spirale, la colonne peut exprimer le mythe de Babel. La forme même est riche d’interprétations contraires : la colonne tronquée peut exprimer le processus de ruine, la décadence, voire la chute ; elle signifie aussi le dynamisme et la puissance ascensionnelle. La maison-colonne de François de Monville au désert de Retz (Chambourcy, 1780) présente d’impressionnantes lézardes laissant entendre que la construction du fragment ne pourra pas être poursuivie. En revanche, le projet de tabernacle qu’Étienne-Louis Boullée avait dessiné pour Saint-Roch dans cette forme de colonne tronquée, cette fois considérée dans son processus d’achèvement, reprend l’idée biblique que l’Arche d’alliance constitue le point de rencontre absolue du divin. C’est une symbolique de ce genre que Mario Botta et son commanditaire épiscopal ont retenu pour la cathédrale d’Évry (fig. 4), en ajoutant au sommet, à la manière de l’Antiquité telle que Quatremère de Quincy en a laissé le souvenir, une couronne de cyprès, symbole d’éternité parce que continuellement verdoyante. Quant à la colonne de la place Vendôme (1810), elle remplit d’autant mieux sa fonction de piédestal à la statue de l’Empereur que, à l’instar de la colonne Trajane, le fût en est parcouru d’une spirale qui relie la base au sommet.

8 Un ensemble d’autres formes peut être rapproché de la tour de Babel, moins en raison de leur fonction que de leur dynamisme ascensionnel car, selon Quatremère de Quincy – qui, à l’époque, présente l’autorité absolue en la matière –, elles dérivent du tumulus, c’est-à-dire d’une construction à vocation funéraire et commémorative : le cône et la pyramide. Boullée a laissé plusieurs compositions graphiques là-dessus. Mais il paraît légitime de les joindre à l’ensemble parce qu’elles se rapprochent plastiquement de la colonne hélicoïdale et parce que la grande majorité des peintres qui ont eu à concevoir une tour de Babel ont combiné pour ce faire les formes du cône et de la spirale.

II. — Permanences et retours de l’archéologie

9 Pour renvoyer aux formes primordiales de la montagne et de l’arbre et emprunter aux types fondateurs de la flèche, de la spirale et du cône, l’histoire de la tour de Babel aux époques moderne et contemporaine ne s’y limite pas. Par ses origines mystérieuses, le monument défie le savoir de l’archéologue et, en des temps d’historicisme, se compose à l’aide de la culture architecturale du temps. Ainsi, lorsqu’en souvenir de l’immense tour de Vathek , au sommet de laquelle la puissance divine était invoquée, William Beckford, à l’extrême fin du xviii e  siècle, fait construire par John Nash dans sa propriété de Fonthill Abbey une tour gigantesque (fig. 5) : ce n’est pas la manière orientalisante qu’il choisit mais le style gothique, une base carrée et un départ de flèche en octogone.

10 À la fin de la Restauration, Jean-Antoine Alavoine opère de même à la cathédrale de Rouen. La flèche de croisée a-t-elle été incendiée par la foudre ? L’architecte la remplace par une gigantesque construction de caractère gothique, mais en fonte, conformément aux ambitions technologiques du moment. Dorénavant, la flèche de cathédrale comme celle de la plus modeste église de village exprime l’axe par lequel monte la prière et descend la parole divine, comme un doigt pointé vers le ciel, selon une métaphore dont le xix e  siècle littéraire va user à maintes reprises, jusqu’à l’évocation dans les mêmes termes par Marcel Proust de l’église de Combray dans À la recherche du temps perdu .

11 En même temps que la cathédrale gothique devient la métaphore de la Babel chrétienne, bénéfique parce qu’en union avec le Créateur, les archéologues et les architectes entreprennent des travaux de restitution sur ces formes qui les fascinent non pas seulement parce que les origines en sont mystérieuses mais parce que l’architectonique de leurs structures en gradins soulèvent de complexes questions de construction. L’un des premiers à s’y intéresser semble être Stanislas-Louis Bernier, qui en 1877 envoie à l’Académie des beaux-arts l’état restauré de l’une des sept merveilles du monde, le mausolée d’Halicarnasse, gigantesque construction coiffée d’un haut pavillon en pierre. Puis Charles Chipiez, en 1879, présente au Salon une série de restitutions sur les tours à étages de la Chaldée et de l’Assyrie. Ces projets sur plan quadrangulaire, conçus comme des pyramides tronquées et marqués à l’extérieur par des rampes ascendantes qui pourtournent les quatre côtés, fascinent les jeunes architectes d’autant plus que la retombée des niveaux en retrait et leur organisation intérieure restent un problème non résolu. Avant les compositions futuristes d’immeubles en gradins conçus sur le mode de l’utopie par l’Italien Antonio Sant’Elia puis, plus raisonnablement, par le Français Henri Sauvage, Joseph Poelaert construit à Bruxelles un monumental palais de justice (1860-1883) qui se fait l’écho des restitutions archéologiques du temps et s’inscrit dans la lignée de la symbolique de l’arbre, celui sous lequel, au Moyen Âge, se rendait la justice. Dans le même esprit, Alessandro Antonelli édifie à Turin une synagogue étonnante par sa masse et sa hauteur démiurgique ; elle a été appelée la Mole Antonelliana (fig. 6). Conçue elle aussi comme une succession de niveaux en retrait pour se terminer par une flèche vertigineuse, elle propose à l’intérieur un immense espace, mais est dès le départ conçue comme une structure trop audacieuse pour ne pas être fragile.

III. — Le retour au primordial

12 Les constructions babéliennes du xix e  siècle ne font pas seulement référence à la culture architecturale du temps, qu’elle soit tournée vers l’Antiquité ou le Moyen Âge. À Leipzig, Bruno Schmitz a fait le choix du retour au primordial. Pour ce lieu où il s’agit de commémorer la bataille des nations qui marque le réveil des États allemands contre la puissance napoléonienne, de nombreux projets ont vu le jour, successivement antiques – on y a vu l’expression de la raison universelle des Lumières – et gothiques, perçus comme symboles d’identité. À l’époque où Schmitz construit le Völkerschlachtdenkmal (1898-1913) (fig. 7), ces savantes métaphores sont largement oubliées : l’architecte et son commanditaire impérial optent pour le colossal, une gigantesque construction à redents, interprétant librement la figure du cône et surtout constituée d’un empilement d’assises énormes. Plus que la piété ou la douleur funèbre, le monument exprime une force barbare qui, à la faveur de la couleur sombre du matériau, inspire la terreur.

13 Le Völkerschlachtdenkmal met en évidence deux caractéristiques propres aux tours de Babel. Tout d’abord, leur caractère utopique : elles sont réalisées au prix de virtuosités inhabituelles qui s’accordent à la démesure du dessein. Il n’est pas toujours immédiatement sensible s’il s’agit de formes dont la fonction est familière, telles les flèches de cathédrale. Il devient plus évident lorsqu’elles ne sont pas en rapport avec ce qu’on attend habituellement : à Bruxelles, par exemple, Poelaert a rompu avec la tradition morphologique mise au point à la fin du xviii e  siècle selon les lignes horizontales du néoclassicisme : la gigantesque tour qu’il érige n’en apparaît que plus démesurée encore.

14 Mais pour se vouloir utopiques, c’est-à-dire, selon l’étymologie, de nulle part, les constructions babéliennes ne sont pas orphelines d’un lieu. L’endroit d’où elles s’élancent est volontairement choisi, à l’instar des tours de Chaldée restituées par Chipiez, pour susciter l’impression d’écrasement : la justice qu’abrite Poelaert en son palais domine, sur la hauteur où elle est implantée, la ville de Bruxelles et même le royaume, pour mieux imposer sa force implacable. Quant au Völkerschlachtdenkmal, c’est sur un terrain complètement plat, au cœur d’une gigantesque composition paysagère, qu’il se dresse, en un lieu sans repères, comme pour mieux imposer son gabarit hors d’échelle.

IV. — Babel et la modernité

15 L’ambition babélienne va de pair avec l’innovation technologique. Ce n’est pas seulement la raison de l’inventeur qui en impose à la nature mais aussi la capacité de l’homme à fabriquer des matériaux artificiels, c’est-à-dire à prétendre se débarrasser de la nature même. Plus que la brique, premier des matériaux artificiels donc trop ancien pour servir à ce projet, c’est le métal, le fer, la fonte, l’acier, le cuivre, le zinc puis l’aluminium qui, avec le verre et bientôt le ciment et le béton armé, permettent de réaliser des tours de force, quelles que soient les conditions géomorphologiques du lieu d’implantation. La tour en fer que Gustave Eiffel érige sur les bords de la Seine pour l’Exposition universelle de 1889 s’entend bien sûr comme un exploit technologique et une manifestation à caractère publicitaire du savoir-faire du constructeur. Mais pas seulement : on sait qu’Eiffel aimait inviter quelques amis au sommet de sa tour pour fêter le solstice d’été le soir de la Saint-Jean. C’est un monument au soleil qu’il a réalisé, un lieu de rencontre avec le divin, un lieu de culte païen, mais nullement différent dans sa conception des flèches chrétiennes érigées devant le chœur des cathédrales.

16 Les immeubles en hauteur, ou encore dit de façon particulièrement évocatrice « gratte-ciels », reprennent le flambeau des ambitions technologiques. Dès lors qu’on maîtrise le procédé du monte-charge et de l’ascenseur et qu’on sait enserrer la construction dans un corset métallique, plus rien ne s’oppose à ce qu’on construise le plus haut possible. Les uns adoptent le dispositif du gradin en retrait : c’est ce que fait Cass Gilbert au Woolworth Building (1910-1913) à New York. Ou la plastique de la flèche, à l’instar de William Van Alen au Chrysler Building (1928-1930), à New York également. Mais point n’est besoin de gratte-ciels géants : la tour que Josef Hoffmann dessine pour le palais Stoclet (1905-1911) à Bruxelles domine certes l’ensemble de la construction mais reste dans une échelle de hauteur raisonnable. Il n’empêche qu’elle entend relever le défi que propose la conception du gradin en retrait, dont le but est ici d’alléger la silhouette dans ses parties hautes.

17 C’est à Henri Sauvage, plus encore qu’à Antonio Sant’Elia, dont l’imagination s’est bornée à des compositions graphiques de caractère utopique, qu’il revient d’avoir résolu la question. L’immeuble en béton armé qu’il édifie rue Vavin, à Paris, est marqué en façade de retraits successifs qui sont accrochés en encorbellement à la dalle supérieure. De la sorte, le niveau du rez-de-chaussée n’est encombré que par un nombre très limité de poteaux, ce qui rend son utilisation possible. On retrouve le gradin utilisé à l’échelle de la ville dans une composition conçue par Louis Bonnier en 1934 pour un immeuble prévu quai de Passy, étudiée pour le projet de révision du décret de 1902. En arrière-plan de quatre immeubles en parallélépipède rectangle symétriquement disposés, une gigantesque façade de forme trapézoïdale marque à chaque étage et sur chaque côté oblique du trapèze un redent en retrait jusqu’à la partie supérieure. En Union soviétique, durablement marquée depuis l’époque stalinienne par des modes de composition éprouvés par la tradition, les compositions en gradins, de même que les flèches, persistent au-delà de la seconde moitié du xx e  siècle : c’est le cas du bâtiment construit par Alexey Nikolayevitch Doushkin pour le ministère de l’Industrie lourde à Moscou en 1953.

V. — La vitalité des formes

18 Quoi qu’on pense du caractère agréablement rétrograde de la composition de Doushkin, on est conduit à reconnaître la stabilité formelle des constructions babéliennes. Avec le monument à la III e  Internationale de Vladimir Tatline (1919-1920) (fig. 8), la spirale fait savoir qu’elle n’a pas dit son dernier mot. L’original ayant été détruit, elle est connue par des restitutions conservées pour l’une à la galerie Tretiakov à Moscou et pour l’autre au Musée national russe à Saint-Pétersbourg. Elle fournit le témoignage des ambitions utopiques du régime soviétique à ses débuts : une ambitieuse spirale de métal, des techniques de serrurerie issues des technologies industrielles conformément au projet constructiviste expriment de façon symbolique l’énergie des aspirations révolutionnaires du moment et la foi des créateurs dans le nouveau système avant que ce dernier ne vienne les décevoir par une politique artistique conservatrice.

19 Une dizaine d’années plus tard, en 1928, Le Corbusier travaille à un projet à caractère religieux et philanthropique, le Mundaneum, sorte de complexe dédié à la religion universelle, ainsi que son nom l’indique. Le site retenu est Genève : on aperçoit une chaîne montagneuse en arrière-plan d’un vaste terrain plat et la composition générale annonce sans aucun doute ce que l’architecte réalisera plus tard à Chandigarh. Le musée, avec ses rampes d’accès, a fait l’objet d’une étude particulière. Il s’agit d’une pyramide de plan carré sur les quatre côtés desquels serpente une rampe qui permet d’accéder au sommet selon un dispositif en spirale ascendante. L’organisation générale rappelle clairement les maisons chaldéennes de Chipiez, mais ce n’est pas un hasard : Le Corbusier les connaissait parfaitement par la lecture qu’il avait faite à la Bibliothèque nationale, pendant la Première Guerre mondiale, des ouvrages de Georges Perrot illustrés par le même Chipiez, et on sait même qu’entre autres constructions en hauteur, tours et forteresses, les restitutions chaldéennes l’avaient durablement impressionné.

20 Plus récemment, le Parlement européen, édifié à Bruxelles en 1993 par l’Atelier Espace Léopold et l’Atelier d’architecture de Genval, utilise la spirale qui donne à la colonne tronquée du bâtiment circulaire un dynamisme ascensionnel en rapport avec l’ambition confédérale du moment. Enfin, il faut évoquer les œuvres de Marta Minujin, une artiste argentine qui a édifié en 1983 puis en 2011 des tours de Babel en spirale. La plus récente, faite de trente mille livres, se veut une référence explicite à La bibliothèque de Babel de Jorge Luis Borges au cours de cette année 2011 qui a conféré à Buenos Aires le titre de capitale mondiale du livre. Selon la plasticienne, la spirale évoque le projet d’unir tous les Argentins et fait référence, par l’intermédiaire d’une bande son, à la multiplicité des idiomes de l’humanité. À l’expérience de Marta Minujin fait écho le projet de Jakob Gautel présenté en 2012 au Palais des Beaux-Arts de Lille à l’occasion de l’exposition sur la tour de Babel : un cône plein, fait de livres et ceint d’une spirale qui monte jusqu’au sommet.

21 À l’instar de la spirale, la colonne conserve, elle aussi, toute son actualité. Celles de Constantin Brancusi sont nombreuses ; on évoquera plus particulièrement celle de la ville de Târgu Jiu, en Roumanie : elle dresse en plein champ verdoyant ses empilements de formes ovoïdes, symbole de naissance et de renouveau. À Paris, la tour Montparnasse, édifiée par Eugène Beaudouin et Roger Saubot en 1964, évoque comme une colonne dynamique l’atmosphère progressiste qui s’est emparée de la France du début des années soixante, comme le feront un peu plus tard également les tours de la Défense. Enfin, le retour au monumental qui marque les constructions d’églises en France, avec l’édification de la cathédrale d’Évry sous la direction de Mario Botta (1991-1995), conduit à l’exploitation d’une forme jusqu’alors inusitée chez les catholiques : la colonne tronquée. On l’a mise en rapport avec le contexte du bicentenaire de la Révolution et les cérémonies du transfert des cendres de l’abbé Grégoire au Panthéon : c’est possible, mais c’est oublier que l’architecte tessinois avait déjà édifié des temples protestants qui empruntaient cette forme.

VI. — Architectones et Babel

22 Dans le contexte constructiviste de l’avant-garde russe après 1917, quelques artistes ont exploré les ressources que pouvaient donner des variations sur les gratte-ciels et les architectures en hauteur. Il en est résulté des maquettes en plâtre de formes imaginaires, s’imposant comme des Babel cubistes : Kazimir Malevitch en a réalisé plusieurs, en particulier l’architectone Zeta (1923-1927), conservé au musée national d’Art moderne. Avec le temps, certaines réalisations plus académiques produites en URSS en semblent moins éloignées qu’on aurait pu le penser. C’est le cas d’une maquette produite à l’occasion du concours pour le palais des Soviets à Moscou (1933) par les architectes Boris Iofan, Vladimir Chtchouko et Vladimir Gerfreikh, en variation sur le projet lauréat de Iofan (fig. 9). Cette superposition de grandes masses articulées par des redents que surmonte une sculpture monumentale de Lénine s’impose par sa démesure comme l’émule d’une tour de Babel qu’aurait érigée l’humanité sous l’impulsion du dictateur. On connaît la suite : le terrain réservé à la construction du monument n’ayant pu supporter les fondations de l’édifice, le chantier est arrêté, comme l’avait été la tour de Babel elle-même. L’emplacement est réservé au creusement d’une piscine d’eau chaude en plein air qui fera longtemps partie du pittoresque moscovite avant qu’elle cède la place à la réplique de la cathédrale qui avait été détruite en prévision du chantier du palais des Soviets.

23 Une dernière image : la forêt de tours de Babel. C’est ce que propose en 1925 le plan Voisin. Le Corbusier, son auteur, est commandité par un industriel de l’automobile à la recherche d’une solution pour accommoder la ville ancienne aux nouveaux moyens de transport. L’architecte détruit une partie substantielle de la rive droite pour y installer, selon le mythique plan hippodamien, un quadrillage de tours de grande hauteur. Il tient pour la régularité et récuse l’implantation anarchique des tours dans le New York de l’époque. Une fois encore, Babel se conjugue sur le mode de l’utopie.

1 Philippe Trétiack, « Les artistes et le sexe », dans Beaux-Arts Magazine , t. 338, août 2012, p. 72-77. L’article s’intéresse aussi à la symbolique féminine.

École nationale des chartes

École pratique des hautes études

Du même auteur

  • Actes du V e congrès national d'archéologie et d'histoire de l'art , , 1999
  • Voyage au centre du patrimoine in Domestiquer l’histoire , , 2000
  • Joachim Le Breton et Antoine Quatremère de Quincy, secrétaires perpétuels de l’Académie des Beaux-Arts : deux conceptions divergentes du musée in Jean-Baptiste Wicar et son temps 1762-1834 , , 2007
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De la terre au ciel. La figure de la tour de Babel

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— par Hérodote

Les deux quartiers de la ville avaient en leur centre chacun une enceinte fortifiée : dans l’un, le palais royal entouré d’un mur haut et solide, dans l’autre un sanctuaire de Zeus Bélos aux portes de bronze, qui existait encore de mon temps. Le sanctuaire est un carré de deux stades de côté [soit 370 m] : au milieu se dresse une tour massive, longue et large d’un stade [soit 185 m], surmontée d’une autre tour qui en supporte une troisième et ainsi de suite, jusqu’à huit tours. Une rampe extérieure monte en spirale jusqu’à la dernière tour ; à mi-hauteur environ il y a un palier et des sièges, pour qu’on puisse s’asseoir et se reposer au cours de l’ascension. La dernière tour contient une grande chapelle, et dans la chapelle on voit un lit richement dressé, et près de lui une table d’or. Mais il n’y a point de statue, et nul mortel n’y passe la nuit, sauf une seule personne, une femme du pays, celle que le dieu a choisie entre toutes, disent les Chaldéens qui sont les prêtres de cette divinité. Ils disent encore que le dieu vient en personne dans son temple et repose sur ce lit.

Extrait de H istoires I, 181, Hérodote, traduction Andrée Barguet, Gallimard, 1964

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La tour de Babel

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[Analyse] Bruegel et le mystère de Babel

La Grande tour de Babel par Pieter Brueghel l'Ancien (vers 1563), huile sur bois, 114 × 155 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne (Autriche). Source : Wikipédia

Pour célébrer le 450e anniversaire de la mort de la mort du peintre Bruegel (Pieter Brueghel l’Ancien, 1525-1569) , auquel le Kunsthistorisches Museum de Vienne décide de consacrer une grande exposition, les éditions Taschen ont publié un magnifique ouvrage 1 . Les auteurs de ce grand livre sur l’œuvre de Bruegel sont Jürgen Müller (auteur de nombreux essais sur l’art et le cinéma) et Thomas Schauerte qui dirige la maison Albrecht Dürer, le musée de la Ville et les collections d’art de la ville de Nuremberg. En feuilletant ce somptueux et imposant livre , la fascination exercée par les tableaux du peintre flamand redouble. Fourmillant de détails, son fameux ensemble sur les saisons (dont les chasseurs dans la neige) et son incroyable représentation de La G rande tour de Babel (1563) immergent le spectateur dans un monde fantasmé de la Renaissance. Arrêtons-nous devant la grande tour en construction pour tenter de décrypter ce tableau et mieux comprendre le pouvoir de fascination du mythe de la verticalité ultime qu’il représente, censée « reconstituer l’axe entre le Ciel et la Terre, axe qui avait été brisé par le péché originel », comme le rappelle Patrice de Moncan dans Villes utopiques, villes rêvées 2 .

Le mythe de la construction de la tour de Babel dans la Bible

Le mythe de la tour de Babel est issu de la plus ancienne des compilations de récits populaires évoquant les origines d’Israël, qui ont été « enchevêtrées de manière malhabile dans les cinq premiers livres de la Bible » explique Paul Zumthor dans Babel ou l’inachèvement 3 . Cette compilation de mythes fut vraisemblablement l’œuvre de scribes Israélites en Babylone, au cours du V e siècle avant J-C. Voici les neuf versets de la Genèse racontant le drame de Babel :

Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots. Comme les hommes se déplaçaient à l’Orient, ils trouvèrent une vallée au pays de Shinéar 4 et ils s’y établirent. Ils se dirent l’un à l’autre : « Allons ! Faisons des briques et cuisons-les au feu ! » La brique leur servit de pierre et le bitume leur servit de mortier. Ils dirent : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre ! » Or Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Yahvé dit : « Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises ! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons ! Descendons ! Et là, confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres. » Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de la terre. 5

La plaine de Shinéar vue par Bruegel ressemble à s'y méprendre à la campagne idéale de l'Europe de la Renaissance (détail de la Grande tour de Babel).

Afin d’expliquer la constitution du mythe de Babel, l’écrivain Juan Benet postule que les élévations artificielles des ziggurats (nombreuses en Mésopotamie) furent opposées aux montagnes où, selon la Bible, le peuple Hébreu trouva le salut après le Déluge et reçut les Lois après l’Exode. Babylone était ainsi dominée par une grande ziggurat à base carrée décrite par Hérodote, l’ Etemenanki (« la maison-fondement du ciel et de la terre ») dédiée au dieu Mardouk, résidant à son sommet lors de ses passages sur Terre.

Maquette proposant une reconstitution de la ziggurat de Babylone (selon les travaux de H. Schmid), Pergamon Museum. Source : Wikipédia

S’inspirant sans doute des constructions de l’oppresseur babylonien, la tour de Babel opère donc comme un double négatif des sommets permettant l’intercession avec le Créateur : « Pour l’Hébreu, qui avait reçu ses dogmes d’une montagne sacrée, inaccessible, où son regard revenait se poser pour fortifier sa foi, un tel simulacre du pouvoir divin était le comble du blasphème, et il devait lui falloir à tout prix se représenter constamment l’écroulement de la tour pour consoler son esprit 6 » .

Les gloses hébraïques puis chrétiennes associèrent explicitement Babel à Babylone en ajoutant au récit biblique un roi ordonnateur de la construction de la tour : le roi babylonien Nimrod . C’est lui que Bruegel représente au premier plan de sa Grande tour de Babel .

Le roi babylonien Nimrod et sa suite (détail de la Grande tour de Babel).

Babel, et tour : urbanité, orgueil et confusion

Le fourmillement du tableau rappelle que l’entreprise nécessitait une grande concentration d’ouvriers, dont la compréhension était possible parce que leur langue était unique. La tour de Babel dominait une ville où habitaient ingénieurs, ouvriers et familles, entièrement mobilisée par l’entreprise titanesque. De fait, autant qu’un récit mythique expliquant la multiplicité des langues comme conséquence du reniement des commandements divins, le récit de la construction de la tour de Babel est aussi une allégorie de l’urbanité . L’entreprise maudite a été possible uniquement parce que les hommes ont décidé de se réunir en un même lieu au lieu de se disperser sur la Terre comme le leur avait demandé Yahvé ( Genèse , 9). Le récit de la Genèse présente indéniablement la double édification de la ville et de la tour comme néfaste, mais « elle n’est l’objet que d’une malédiction ponctuelle, dont rien n’indique qu’elle porte sur la civilisation urbaine en tant que telle » insiste Paul Zumthor : tout au plus Iahvé « sent un malaise, se prémunit contre un danger possible 7 ».

Détail de la ville de Babel dans le tableau de Brueghel.

La puissance du mythe de Babel réside dans ce qu’il ne dit pas, ou si peu. Ainsi, des motivations des constructeurs ( « se faire un nom » ), qui furent le sujet de bien des gloses. Il est ainsi possible d’imaginer comme Paul Zumthor qu’en chaque homme ayant entrepris la construction de Babel avait percé une crainte depuis le Déluge, car « la force que leur confère leur unanimité ne leur appartient pas en propre ; elle peut leur être retirée, et contre cette menace l’instinct de conservation se raidit. D’où le projet de construire une ville et d’édifier une tour qui leur sera signe de ralliement, certes, mais gage aussi d’une qualité immatérielle, suggérée par le nom qu’ils veulent se faire. 8 » Le mythe de la tour de Babel peut ainsi être considéré comme une allégorie de la condition humaine . Paul Zumthor écrit à ce propos :

Le nom est une parole appliquée à un être ou à une chose et qui dès lors est la sienne, constitutive de son essence, lui conférant un pouvoir, signifiant intérieurement un appel à la vie. « Se faire » un nom à soi-même, de la part d’un peuple comme celle d’un héros, c’est revendiquer son droit à l’existence, affirmer l’éternité d’une présence active parmi les communautés humaines et au regard des dieux : ce que nous appellerions entrer dans l’Histoire. 9

Détail de la Grande tour de Babel par Bruegel montrant le travail harassant de quelques ouvriers.

Entrer dans l’histoire en bâtissant des villes et des tours, en défiant le ciel. La construction de la tour ne débouche pas sur une rencontre avec Dieu au terme de laquelle les hommes seraient récompensés par une reconnaissance de leur « nom » , mais par la dissolution de leur communauté. Ceux qui se sont réunis ont été dispersés, laissant la tour de Babel inachevée ; ceux qui voulaient « se faire un nom » ne peuvent plus se comprendre. Multiplicité des langues et confusion des hommes s’expliquent par le mythe. Des commentaires hébraïques postérieurs à la Bible ajoutent que les hommes perdirent la mémoire après avoir été dispersés. Cette perte de mémoire, c’est ce Big Bang linguistique que tant de chercheurs ont tenté d’étudier, en quête de la langue originelle des hommes : le langage est comme « une matrice dont on ne naît jamais 10 » écrit Paul Zumthor.

La représentation de la tour de Babel par Bruegel, à l’ère du protestantisme

Comme nous l’avons constaté, invoquer l’image de la tour de Babel possède de multiples implications, selon le niveau de lecture du mythe. S’y ajoutent les allégories potentiellement contenues dans les représentations peintes par Bruegel et ses contemporains, qui témoignent autant de leur interprétation du récit biblique que des préoccupations sociales et politiques de son temps. Pourquoi représenter le mythe de Babel à la Renaissance ? Patrice de Moncan postule dans « une époque vouée au dépassement intellectuel, technique, artistique, à l’accumulation des connaissances, à la découverte du monde et à la construction d’œuvres monumentales (les châteaux, les villes-forteresses), la Tour de Babel symbolise à la fois l’énormité de certaines entreprises colossales et le défi spirituel engendré par le progrès 11 » . Cette ambivalence est essentielle : la Grande tour de Babel est à la fois une exaltation grandiose des techniques permettant la réalisation des entreprises humaines et la dénonciation implicite de l’orgueil, ainsi que du pouvoir absolu incarné par le roi Nimrod.

Une machine de levage à roue (détail de la Grande tour de Babel).

Le grand tableau de la Tour de Babel de Bruegel peut être perçu en effet comme une allégorie de l’innovation technologique dans la mesure où il « présente une encyclopédie des corps de métier engagés à l’époque dans le bâtiment […]. Un inventaire en quelque sorte de l’art architectural, comme il y avait eu celui des proverbes et des jeux d’enfants 12 » comme l’écrivent Philippe et Françoise Roberts-Jones . Un inventaire au sous-texte politique, semble-t-il : selon Elliston Weiner , Bruegel s’est inspiré du Colisée (associé au martyr des premiers chrétiens) et du projet d’ Antonio Da Sangallo pour la coupole Saint-Pierre de Rome ; l’oppression des Réformés par le catholicisme romain serait ainsi figurée par ces références architecturales. Rappelons en effet que Bruegel exerçait dans un pays Protestant. Sa Grande tour de Babel peut être lue comme une allégorie de la Rome papiste ayant perverti la mission de Pierre, le rocher sur lequel la tour se dresse comme une excroissance monstrueuse pouvant être lu comme une allusion à Mathieu 16 : 15-18 ( « je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église » ) 13 . Une allusion possible au Rocher de la Fondation (hébreu Even hashtiya ) « La pierre d’assise » du saint des saints des Temples de Jérusalem , considérée comme un point de jonction spirituelle de la terre et du ciel. Bâtie sur son rocher, tentative d’une jonction matérielle des cieux et de la basse surface terrestre dont le peintre représente avec tant d’attention les matières, la tour de Babel de Bruegel serait ainsi la perversion du Temple.

Comme Rome bâtie sur la pierre, la tour de Babel de Bruegel s'est construite sur un gigantesque rocher (détail de la Grande tour).

Cette perversion serait Rome, associée de manière récurrente à Babylone dans les pamphlets protestants. Cette utilisation du mythe de Babel dans le but de produire une allégorie politique a peut-être été inspirée par estampe anti-papiste de 1547, La destruction de la tour de Babel. Quant à l’autre tableau de Bruegel représentant le mythe, La Petite tour de Babel (1568) , ce serait « une satire de l’affection particulière que l’Église catholique porte à l’étalage des richesses et au cérémonial : l’orgueil mène la papauté à sa perte » écrit Roger H. Marijnissen. Un détail minuscule au milieu de la Petite tour de Babel semble corroborer cette hypothèse, selon J.C. Klamt : un trait rouge ressemblant à un baldaquin de procession 14 .

Détail des galeries de La Grande tour de Babel, dans le livre Pieter Bruegel. L’œuvre complet. Source : Taschen

Babel comme allégorie sociale

Dans la Petite tour de Babel, l’absence du roi Nimrod ou d’un ordonnateur de la construction de la tour semble moins souligner la vanité humaine. Dans cette version, « Brughel n’indique pas que l’entreprise est vouée à échouer, relève Roger H. Marijnissen . Mansbach écrit que ce tableau évoque un état arcadien où “la grandeur et la puissance de la productivité humaine sent rendues possibles par l’absence de la volonté téméraire d’un tyran. L’artiste fait entrevoir à ses contemporains (et au public d’aujourd’hui) une image de la cité idéale des humanistes, une Utopie terrestre” 15 ». La représentation de la tour serait en ce cas une allégorie de l’utopie .

Toute entière mobilisée par un projet supérieur, Babel « ne fut-elle pas d’une certaine manière la première ville utopique qu’aient rêvée les hommes, même si elle représente une forme de négation de la cité ? » écrit Patrice de Moncan. Malgré sa revalorisation à la Renaissance, « la Tour de Babel restera pourtant dans la civilisation judéo-chrétienne le symbole de la cité négative, l’opposée même de la cité idéale , précise l’auteur, et cela, jusqu’au XVIIIe siècle, jusqu’à ce que les Constitutions de la Maçonnerie révèlent, en 1723, un tout nouvel état d’esprit. 16 » Dans cet ouvrage, en effet, la maîtrise de la maçonnerie par les ingénieurs de la Tour de Babel fut à nouveau l’objet d’admiration.

"La petite tour de Babel" par Pieter Brueghel l'Ancien (vers 1568), huile sur bois de chêne (94 × 74 cm). Source : Wikipédia

Le mythe de la tour de Babel est une promesse d’élévation de l’humanité par la technique , d’où l’exaltation du génie humain qui transparaît dans les représentations du mythe au XVI e siècle malgré l’effondrement qu’elles figurent. Bien que l’ingénierie est au centre de la Grande Tour de Babel, sa construction n’est qu’un « amas d’erreur » ( Marguerite Yourcenar ) rendant impossible son achèvement, comme l’a prouvé Juan Benet dans La construction de la tour de Babel.

On perçoit bien les différentes strates de la construction, ici en briques à la manière romaine.

C’est une entreprise vouée à l’échec dès sa construction que représente Bruegel qui, au centre de son grand tableau, expose l’intérieur béant de la tour à la manière d’ une « leçon d’anatomie » pratiquée sur un corps architectural, comme s’il s’agissait de la « vision d’une agonie, des derniers instants d’une créature dont le corps ne serait jamais complet. 17 » comme la perçoit Juan Benet. Il s’agirait de « l’allégorie d’une société sur sa fin » symbolisée par un corps « qui revêt la forme qu’élabore en premier l’homme qui vit sous sa loi : un édifice » .

Le sommet de la tour de Babel (détail du tableau de la Grande tour).

Babel au XX e siècle, un mythe persistant

Comme l’écrit Paul Zumthor, toute représentation du mythe de la construction de la tour de Babel constitue « une dramatisation en même temps qu’une modernisation du récit biblique, dans lequel on déchiffre ou on impose une rhétorique relative aux aléas de notre histoire et aux menaces pesant sur la société d’aujourd’hui 18 » . Ce double mouvement a accompagné chacune des invocations de ce mythe depuis le milieu du XIX e siècle. Babel continue à être invoquée pour figurer les fantasmes inspirés par la technologie et l’orgueil qui peut présider à leur usage : on retrouve notamment sa tour, sous de nouvelles formes, dans Metropolis (Fritz Lang, 1928) puis Blade Runner (Ridley Scott, 1982) dont nous avons déjà évoqué les pyramides de la Tyrell Corporation . L’écrivain de science-fiction Philip K. Dick décrivait ainsi la mégalopole de Los Angeles 2019 :

Ce qui se passe c’est que, quand un immeuble devient vieux, au lieu de le démolir on lui rajoute des étages, ce qu’il fait qu’il est de plus en plus haut, comme une colonie de termites. Ça fait un effet impressionnant. Ça m’a rappelé un tableau de Brueghel, euh… La tour de Babel ; on aurait dit que ça avait été construit par des termites. 19

C’est sur la pertinence de cette réactualisation dans Blade Runner qu’a notamment portée notre analyse du film pour un ouvrage publié prochainement par les éditions Rouge Profond. En attendant, n’hésitez pas à vous perdre dans les pages de l’impressionnant ouvrage que Taschen a consacré à Bruegel . Sa tour de Babel continue à s’élever dans notre admiration, entraînant avec elle notre réflexion sur les images.

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1 Voir la page du site taschen.com

2 Patrice de Moncan, Villes utopiques, villes rêvées, Paris, Éditions du Mécène, coll. « La ville retrouvée », 2003, p. 58.

3 Paul Zumthor, Babel ou l’inachèvement, Paris, Éditions du Seuil, coll. « La Couleur des idées », 1997, p. 39.

4 Shinéar où, dit-on, les ossements des morts du Déluge s’étaient accumulés.

5 Genèse , 11, 1-9, La Bible de Jérusalem, Paris, Éditions Le Cerf, 1988.

6 Juan Benet, La construction de la Tour de Babel [1990] , traduit de l’espagnol par Monique de Lope, Paris, Éditions Noël Blandin, 1991, p. 49.

7 –  8 – 9 – 10   Paul Zumthor, op. cit., pp. 42, 52, 196.

11 Patrice de Moncan, op. cit., p. 59.

12 Philippe et Françoise Roberts-Jones, Pierre Brueghel l’Ancien, Paris, Éditions Flammarion, 2011, p. 249.

13 – 14 – 15 – Cf. Roger H. Marijnissen, Brueghel, Tout l’œuvre peint et dessiné, Paris, Éditions Fonds Mercator/Albin Michel, 1988, pp. 211-219, 222.

16 – 17 Juan Benet, op. cit.., pp. 58-69, 16-17. Les agitations de ses constructeurs sont comme des « palpitations » d’entrailles « qui permettent d’étudier leur constitution et les fonctions qu’elles remplissent » .

18 Paul Zumthor, op. cit., p. 24.

19 Entretien du 10 janvier 1982 avec Gwen Lee et Doris Elaine Sauter in Philip K. Dick, Dernière conversation avant les étoiles [2000], traduit de l’anglais (États-Unis) par Hélène Collon, Éditions de L’Éclat, coll. « Poche », 2015, p. 35.

Article écrit par Jérémy Zucchi

Jérémy Zucchi est auteur et réalisateur. Il publie des articles et essais (voir sur son site web ), sur le cinéma et les arts visuels. Il s'intéresse aux représentations, ainsi qu'à la science-fiction, en particulier aux œuvres de Philip K. Dick et à leur influence au cinéma . Il a participé à des tables rondes à Rennes et Caen, à une journée d’étude sur le son à l’ENS Louis Lumière (Paris), à un séminaire Addiction et créativité à l’hôpital Tarnier (Paris) et fait des conférences (théâtre de Vénissieux). Il a contribué à Psychiatrie et Neurosciences (revue) et à Décentrement et images de la culture (dir. Sylvie Camet, L’Harmattan). Contact : jeremy.zucchi [@] culturellementvotre.fr

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THE TOWER OF BABEL - LA TOUR DE BABEL :  SYMBOL OF UTOPIA -SYMBOLE DE L'UTOPIE (XXXL with many details)

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Moscow Tours overview

Our private Moscow city tours allow travellers the benefit of an expert tour guide with you in every step. All you have to do is take it all in and enjoy. Explore a city born from an imperial past, yet an enduring symbol of Soviet Russia. This is a city between two worlds. When you visit Moscow , you will see how its art and architecture reflects a crossroad between Europe and Asia. Moscow revels in the centuries of comings and goings of great minds that have called this world-renowned metropolis home.

Moscow Travel Highlights:

  • Rich in history and culture, reveals some amazing stories. Our captivating Moscow tours have a way of bringing the past to life as you follow a Soviet trail through the city
  • Explore numerous world-class historical and contemporary art galleries and museums in Moscow , including the Tretyakov State Gallery, the Pushkin Museum, the Moscow Museum of Modern Art, and many more

Moscow holds the World's Best of Jaw-dropping Art

  • Be enthralled by the monumental architecture of famous churches and iconic buildings, such as the Kremlin, the Red Square, and Saint Basil’s Cathedral
  • Experience the magnificent Moscow Metro, whose grandiose architecture, intricate mosaics, and dramatic sculptures have made it a must-see attraction when travelling Russia
  • Indulge yourself in one of their many famous theatre art performances, whether it be an opera or ballet performance in the glamorous Bolshoi Theatre or a post-drama or comedy production in the Gogol Centre

Captivating Adventures to Experience in Moscow

  • Take a Moscow river cruise along the mighty Volga River for a unique perspective into exploring Russia’s hidden gems and treasures
  • Feast on exotic Russian cuisines while strolling through the street markets or at a fine dining restaurant, and enjoy countless specialty stores sampling vodka, caviar, and chocolate
  • Shop to your heart’s desire in Moscow’s two most lavished shopping centres, GUM and TSUM, where items range from the most glamorous high-end fashion brands, art, and jewellery to antiques and traditional handicrafts

Must-Visit Moscow Landmarks

The Red Square, Saint Basil’s Cathedral, and The Kremlin top every visitor’s list. These iconic buildings have defined Russia for centuries, but Moscow’s culture doesn’t stop there. Visit Izmailovsky Park, one of the largest urban parks in the world (six times larger than New York’s Central Park) or marvel at the Ostankino Tower, once the tallest structure on earth. Chase down real adventure and ride the Moscow Metro for a true taste of Russia in what visitors call part bomb shelter, part art gallery.

Moscow is an elite paradise with the highest concentration of billionaires on the planet, so nothing is off-limits. Moscow is full of history and possibility – both a political hub and billionaire playground. Visit Moscow and decide for yourself what this dynamic city means to you. Explore the expertly designed Moscow tour packages below for some more inspiration.

Explore Moscow Tours

Russia travel guide

Moscow Vibes – Three Day City Escape

This handcrafted Moscow tour is perfectly planned weekend exploration of Russia capital's most famous tourist attractions. You will enjoy a panoramic tour of this magnificent city, will explore mighty Kremlin and Red Square and indulge in world-famed Moscow metro and Arbat street.

Moscow tour

Classic Moscow - Art, History and Culture

Breathe in the history of Moscow, explore its Imperial and soviet past, dynamic contemporary culture and lifestyle. On this 5-day tour of Moscow, you'll visit the must-see sights with your private guide and explore the city at your own pace.

Moscow to St Petersburg Tour

Highlights of Moscow & St Petersburg

Immerse yourself in the art, history and culture of Russia and explore the contrasting styles of Moscow and St Petersburg in just one week. Experience the iconic landmarks of Moscow, then, take a fast train to Saint Petersburg, one of the most beautiful cities in Europe.

Moscow and St Petersburg tour

Moscow and St Petersburg in Style

This carefully crafted 9-day itinerary tells the tale of two cities – Moscow, the source of Eastern political, economic and spiritual influence, and St Petersburg – Russia’s cultural epicentre and window to Western Europe.

Moscow St Petersburg Golden Ring Tour Russia

Moscow, St Petersburg and Golden Ring Rendezvous

This tour of Moscow, St. Petersburg and the Golden Ring explores the places that shaped Russia’s history – past, present and future. Uncover Moscow’s ongoing revolutionary spirit, before journeying back in time to rural, medieval Russia. End in St Petersburg, a city of royal splendour and undeniable romance.

St Petersburg Moscow Russia winter tour Christmas New Years tour

Moscow & St Petersburg Winter Escapade

Experience the romantic, winter wonderland atmosphere and festive city lights of Russia’s two biggest cities and celebrate the New Year! You’ll discover some of the cities' most iconic attractions and lesser-known gems.

Northern lights in Russia tour Moscow Murmansk St Petersburg

Northern Lights in Russia: Arctic Winter Magic

Explore main sights of mighty Moscow and cultural capital of Russia - Saint Petersburg. Head to Karelia, where we’ll stop to admire the Ruskeala Mountain Park and historic Kizhi Island. Discover the customs of the indigenous Saami in Kola Peninsula and observe Aurora Borealis dancing in the sky.

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Genèse 11 Segond 21

La tour de babel.

11  Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. 2  Après avoir quitté l'est, ils trouvèrent une plaine dans le pays de Shinear et s’y installèrent. 3  Ils se dirent l'un à l'autre: «Allons! Faisons des briques et cuisons-les au feu!» La brique leur servit de pierre, et le bitume de ciment. 4  Ils dirent encore: «Allons! Construisons-nous une ville et une tour dont le sommet touche le ciel et faisons-nous un nom afin de ne pas être dispersés sur toute la surface de la terre.»

5  L'Eternel descendit pour voir la ville et la tour que construisaient les hommes, 6  et il dit: «Les voici qui forment un seul peuple et ont tous une même langue, et voilà ce qu'ils ont entrepris! Maintenant, rien ne les retiendra de faire tout ce qu'ils ont projeté. 7  Allons! Descendons et là brouillons leur langage afin qu'ils ne se comprennent plus mutuellement.» 8  L'Eternel les dispersa loin de là sur toute la surface de la terre. Alors ils arrêtèrent de construire la ville. 9  C'est pourquoi on l’appela Babel: parce que c'est là que l'Eternel brouilla le langage de toute la terre et c'est de là qu’il les dispersa sur toute la surface de la terre.

Histoire d’Abraham 11.10–25.18

Les ancêtres d'abram.

10  Voici la lignée de Sem. A l'âge de 100 ans, Sem eut pour fils Arpacshad, 2 ans après le déluge. 11  Sem vécut 500 ans après la naissance d'Arpacshad et il eut des fils et des filles. 12  A l'âge de 35 ans, Arpacshad eut pour fils Shélach. 13  Arpacshad vécut 403 ans après la naissance de Shélach et il eut des fils et des filles.

14  A l'âge de 30 ans, Shélach eut pour fils Héber. 15  Shélach vécut 403 ans après la naissance d'Héber et il eut des fils et des filles.

16  A l'âge de 34 ans, Héber eut pour fils Péleg. 17  Héber vécut 430 ans après la naissance de Péleg et il eut des fils et des filles.

18  A l'âge de 30 ans, Péleg eut pour fils Rehu. 19  Péleg vécut 209 ans après la naissance de Rehu et il eut des fils et des filles.

20  A l'âge de 32 ans, Rehu eut pour fils Serug. 21  Rehu vécut 207 ans après la naissance de Serug et il eut des fils et des filles.

22  A l'âge de 30 ans, Serug eut pour fils Nachor. 23  Serug vécut 200 ans après la naissance de Nachor et il eut des fils et des filles.

24  A l'âge de 29 ans, Nachor eut pour fils Térach. 25  Nachor vécut 119 ans après la naissance de Térach et il eut des fils et des filles.

26  Térach était âgé de 70 ans lorsqu'il eut Abram, Nachor et Haran.

27  Voici la lignée de Térach. Térach eut pour fils Abram, Nachor et Haran. Haran eut Lot. 28  Haran mourut du vivant de son père Térach dans le pays de sa naissance, à Ur en Chaldée [ a ] . 29  Abram et Nachor se marièrent. La femme d'Abram s’appelait Saraï, et la femme de Nachor Milca. Elle était la fille d'Haran, qui était le père de Milca et de Jisca. 30  Saraï était stérile, elle n'avait pas d'enfants.

31  Térach prit son fils Abram, son petit-fils Lot, qui était le fils d'Haran, et sa belle-fille Saraï, la femme de son fils Abram. Ils sortirent ensemble d'Ur en Chaldée pour se rendre dans le pays de Canaan mais, arrivés à Charan [ b ] , ils s’y installèrent.

32  Térach vécut 205 ans, puis il mourut à Charan.

  • Genèse 11:28 Ur en Chaldée : ville située traditionnellement dans l’Irak actuel, non loin du golfe Persique, parfois dans la Turquie actuelle.
  • Genèse 11:31 Charan : ville située dans la Turquie actuelle, près de la frontière avec la Syrie.

Version Segond 21 Copyright © 2007 Société Biblique de Genève by Société Biblique de Genève

IMAGES

  1. La tour de Babel : ce que l’archéologie révèle du mythe

    la tour de babel utopie

  2. La tour de Babel (Genèse 11)

    la tour de babel utopie

  3. La Tour de Babel

    la tour de babel utopie

  4. La Tour de Babel

    la tour de babel utopie

  5. Tour De Babel Histoire Des Arts

    la tour de babel utopie

  6. kART à voir: n°275 La Tour de Babel (1563)Pieter Bruegel, l'Ancien

    la tour de babel utopie

COMMENTS

  1. La Tour de Babel

    Titre : La Tour de Babel. Description/Features. Sujet d'utopie et de vanité inspiré de la Genèse (II, 1-9) et surtout des "Antiquités judaïques" de Flavius Josèphe (I, IV, 3) qui a passionné les artistes du XVIe et du XVIIe s. (Minkowski en recense déjà 463 exemples !). Au premier plan, le roi Nemrod.

  2. La tour de Babel

    L'histoire de la tour de Babel (en hébreu : מגדל בבל, Migdal Babel ; en arabe : برج بابل, Burj Babil) est un épisode biblique rapporté dans la parashat Noa'h, dans le Livre de la Genèse Gn 11,1-9. Le mythe de la tour pourrait être inspiré par un monument de Babylone : l'Etemenanki. En langue sumérienne : le « temple ...

  3. La tour de Babel : ce que l'archéologie révèle du mythe

    Au-delà de ce mythe de la tour de Babel, la ziggourat de Babylone connut des vicissitudes que n'avait pas prévues Nabuchodonosor II lorsqu'il en paracheva le dernier état. La conquête de l'empire de Babylone par les Perses en 539 av. J.-C. entraîna l'abandon progressif des bâti­ments religieux.

  4. La tour de Babel : signification symbolique, interprétation

    La tour de Babel : signification symbolique. Soucieux d'éviter leur dispersion, les hommes décident de créer une ville-capitale autour d'une tour, laquelle apparaît comme le nouveau centre de l'humanité, voire le centre du monde et de l'univers. En effet, le sommet de cette tour est destiné à « toucher le ciel ».

  5. La Tour de Babel selon Hérodote

    Elle fait découvrir au monde occidental la Tour. Son témoignage est d'autant plus précieux qu'un siècle après, en - 331, à la prise de Babylone par Alexandre le Grand, la tour tombe déjà en ruine et est définitivement détruite par les Perses, deux siècles plus tard, dans un incendie. Hérodote décrit Babel comme une superposition de ...

  6. Tour de Babel

    La tour de Babel est ici bien plus haute et futuriste que dans les représentations mais n'est toujours pas achevée. Chants of Sennaar, publié en 2023, propose un univers similaire au mythe, dans lequel le joueur est chargé de rétablir le lien linguistique entre les peuples par le biais d'énigmes à résoudre. [. 49.

  7. Babylone et la tour de Babel à travers les siècles

    Les représentations de la tour de Babel et de la chute de Babylone sont omniprésentes, mais elles évoluent notablement au cours des siècles. L'imagerie du Moyen Âge montre la tour en cours de construction, sous la menace de la punition divine. Une thématique qui permet aussi de découvrir dans le détail l'évolution des techniques ...

  8. La Tour de Babel (Valckenborch)

    La Tour de Babel, oeuvre majeure du peintre Flamand Lucas van Valckenborch, est le symbole de l'orgueil de l'homme qui prétend être en mesure de se passer de Dieu.Ce thème, emprunt d'utopie et de vanité, a littéralement passionné bon nombre d'artistes des XVIe et XVIIe siècles. Valckenborch en a d'ailleurs peint au moins une demi-douzaine (Munich, Coblence, Mayence, etc.) sous l ...

  9. Babel nous joue des tours

    Babel nous joue des tours. Pierre Bouretz, propos recueillis par Marion Rousset publié le 12 juillet 2012 7 min. Nous n'en avons pas fini avec la malédiction de Babel, même à l'heure où l ...

  10. De la terre au ciel. La figure de la tour de Babel

    1 Philippe Trétiack, « Les artistes et le sexe », dans Beaux-Arts Magazine, t. 338, août 2012, p. 72- ; 1 La tour de Babel fascine depuis longtemps les artistes. Cette spirale mystique, pour reprendre le titre du livre de Jill Purce (The Mystic Spiral, Londres, 1974), intéresse par voie de conséquence les historiens de l'art.Une sorte de hasard a fait que, la même année 2012, deux ...

  11. La tour de Babel

    La tour de Babel — par Hérodote. Les deux quartiers de la ville avaient en leur centre chacun une enceinte fortifiée : dans l'un, le palais royal entouré d'un mur haut et solide, dans l'autre un sanctuaire de Zeus Bélos aux portes de bronze, qui existait encore de mon temps. Le sanctuaire est un carré de deux stades de côté [soit ...

  12. La tour de Babel

    Titre : La tour de Babel. Type of object. panneau. Description/Features. La tour s'élève au fond, sur une presqu'île, au bord de la mer ; au premier plan, quatre personnages, dont un roi qui se fait montrer les plans de la tour par un architecte qui est couronné de lauriers. Large bordure à registres rectangulaires superposés ornés de ...

  13. PDF Les utopies architecturales

    La tour de Babel, première utopie architecturale ? Les utopies de l'âge classique, le labyrinthe, surveiller et punir Le Phalanstère de Fourier, matrice première des utopies de l'âge industriel Les figures métaphoriques de l'utopie architecturale moderne : le paquebot, le monastère, l'hôpital, les expositions universelles

  14. Bruegel et le mystère de Babel [Analyse]

    La Grande tour de Babel par Pieter Brueghel l'Ancien (vers 1563), huile sur bois, 114 × 155 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne (Autriche). Source : Wikipédia Pour célébrer le 450e anniversaire de la mort de la mort du peintre Bruegel (Pieter Brueghel l'Ancien, 1525-1569), auquel le Kunsthistorisches Museum de Vienne décide de consacrer une grande exposition, les éditions Taschen ...

  15. Genèse 11:1-9 BDS

    La tour de Babel. 11 A cette époque-là[ a], tous les hommes parlaient la même langue et tenaient le même langage. 2 Lors de leurs migrations depuis l'est, ils découvrirent une vaste plaine dans le pays de Shinéar et ils s'y établirent. 3 Ils se dirent les uns aux autres : Allons, moulons des briques et cuisons-les au four.

  16. The Tower Of Babel La Tour De Babel Symbol Of Utopia Symbole De Lutopie

    THE TOWER OF BABEL - LA TOUR DE BABEL : SYMBOL OF UTOPIA -SYMBOLE DE L'UTOPIE (XXXL with many details) - stock illustration. Mythology : In The Bible, the story of the Tower of Babel is a symbol of the failure of human pride.. The Tower of Babel is part of the theme of Utopia.Vintage engraving circa late 18th century.

  17. Le mythe de Babel

    Babel vient ainsi comme un intermède, un suspens dans le temps, pour narrer le rêve mégalomane de Nemrod de construire une tour monumentale qui s'érigerait jusqu'au ciel et porterait son nom, pour le faire vivre à jamais dans la mémoire des hommes. Les hommes d'alors parlaient tous la même langue, celle de l'Éden, parfaite ...

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  19. Moscow Tours

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